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Du sadisme, ou Du livre que je ne terminerai pas

Il y a déjà de ça un bout de temps, un ami me parlait d’un des livres les plus difficiles qu’il avait lus dans sa vie, soit Les cent vingt journées de Sodome du Marquis de Sade, sans cependant me donner aucun détail particulier sur con contenu. Il n’en fallait cependant pas plus pour piquer ma curiosité, et je me suis dit qu’un jour j’allais bien le lire. Après, tout, c’est juste un livre; qu’est-ce qu’il peut bien avoir de si terrible? Eh bien c’est cette semaine que j’ai finalement entamé la lecture de cet ouvrage. Je savais (ou plutôt croyais savoir) que Sade avait écrit de la littérature érotique, mais ce n’est qu’à la dixième page environ du livre susnommé que j’ai soupçonné, avec raison, que l’auteur était très certainement à l’origine du mot sadisme. J’avais pourtant déjà lu des choses pas piquées des vers: une traduction fidèle des Mille et une nuits (dont Les cent vingt jours s’inspirent très certainement pour la forme, d’ailleurs) nous entraîne dans un univers où sodomie, orgies sexuelles et bestialité sont à l’honneur plus souvent qu’autrement. Cependant, alors que j’ai lu sans problèmes (et même avec plaisir) les deux mille (2000) pages des Mille et une nuits,  je n’ai pas été capable de dépasser la centième page (sur environ 450) des cent vingt jours. Jusqu’ici, je n’avais jamais abandonné la lecture d’un livre. Jamais.

Soyons direct: le contenu est simplement dégueulasse. Dans la fraction que j’ai lue, il n’y est à peu près question que de sévices sexuels très cruels infligés à des enfants, et le récit est construit tel que je me doute bien que ça ne change pas en cours de route (voir ci-dessous). De la pédophilie sadique pure et simple. Je suis (et demeure) contre toute forme de sensure, et j’accorde la plus haute importance à la liberté d’expression (dans les limites du droit). Je suis convaincu que ce livre peut être fort utile à des spécialistes de l’étude de la nature humaine, que l’on parle de criminologues, sexologues, psychologues, etc., et que des personnes peuvent arriver à le lire avec un détachement suffisant par curiosité littéraire, historique, culturelle ou intellectuelle, mais sinon c’est clairement un terrain de jeu pour pédophiles et autres désaxés sexuels.

Il s’agit d’une oeuvre inachevée: Sade avait prévu relater le déroulement de 120 jours de débauche dans un château reclus, mais il n’en a complété que 30, avec un plan sommaire pour le reste. Je n’ai lu que la première journée (le début du récit étant une mise en situation s’étirant sur plusieurs pages), et j’ai jeté un coup d’oeil à la trentième pour voir si ça changeait de ton (mais j’ai juste lu une ligne racontant qu’un des protagonistes dégustait l’étron d’un des enfants esclaves et j’ai fermé le livre — désolé pour le détail, mais ça vous donne une idée).

Par contre, aussi surprenant que ça puisse paraître, j’ai tout de même pu tirer du bon de cette lecture. En effet, ça ma drôlement fait réfléchir sur la grande diversité de la psyché humaine et mes valeurs personnelles. Quelque part, c’est toujours bon de rencontrer ses limites. Je me croyais ouvert d’esprit; je me croyais tough. Eh bien, de toute évidence, je ne le suis pas tant que ça. J’ai également découvert que j’avais une imagination bien peu fertile…

Lu sur Wikipedia: « Personne à moins de rester sourd n’achève les Cent Vingt Journées que malade : le plus malade est bien celui que cette lecture énerve sensuellement. »  — Georges Bataille

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